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Hôtel Yalta, Prague, 16 novembre 1989.
Avant hier, j’ai reçu de la rédaction du magazine un billet Air France direction Tchécoslovaquie, quatre demi-douzaines de films et une ligne de conduite : shoot what’s moving on in the East!
Me voici donc à Prague où partout s'égrainent des indices du verdict populaire. Les dogmes officiels s’effritent, les esprits bouillonnent et la tourmente se positionne sur les starting-blocks. Engluée dans les facondes stériles et propagandistes, la machine communiste, ici aussi, ici encore, est en voie d’implosion. Les langues se délient. Le cynisme est l’instrument de la critique, l’humour un sauf-conduit pour la dénonciation du régime :
- Le retard national en matière d’agriculture a quatre facteurs : le printemps, l’été, l’automne, l’hiver !
- Désormais lorsqu’on téléphone en R.D.A., il ne faut plus demander « Qui est à l’appareil ? » mais « Y a-t-il encore quelqu’un ? »
Hôtel Yalta, Prague, 17 novembre 1989.
Aujourd’hui, un souffle coloré s’est élevé (des drapeaux nationaux brandis à bout de bras). Sans relâche la rue a scandé « Liberté ».
Aujourd’hui, Prague a connu sa plus importante manifestation anti-gouvernementale depuis vingt et un ans (depuis la répression soviétique de 68). Malheureusement, la sentence publique s'est vue à nouveau muselée et les matraques de la police ont parlé. Pourtant, l’espoir a gommé la peur alors même que les bottes policières écrasaient les fleurs (cordon naturel disposé par les étudiants qui séparait les troupes de répression des groupes de manifestants pacifiques).
Montant des dédales de la ville meurtrie et de ce que l'on sait déjà être un moment d’Histoire, une vague de ferveur irréfléchie l'emporte sur la crainte. Exaltée par les slogans lancés avec passion, la foule se recouvre d’une chape protectrice de puissance tranquille. L’espoir lave le sang.
Hôtel Yalta, Prague, 18 novembre 1989.
Il y a huit jours, quelque part dans un pays voisin, un mur est tombé. L’écho de son fracas semble parvenir jusqu’ici. En Tchécoslovaquie aussi le peuple tente d’immoler ce qu’il souhaiterait n’être plus qu’un mauvais souvenir.
Dans l’après-midi, les praguois ont envahi la place Venceslas en signe de protestation, après, comme l’annonce une persistante et douloureuse rumeur, la mort d’un manifestant lors des affrontements d’hier. Aux couleurs nationales, les tchécoslovaques s’épinglent et arborent un morceau de tissu à la boutonnière en l'honneur du disparu.
Spontanément, des foules émues dressent des autels improvisés : des bougies pour un hommage. Déjà, c'est extraordinaire, on parle d’une révolution.
Et le regard des occidentaux se tournent à nouveau vers l’Est.